Il était une fois, au fond des océans, un lieu secret où vivait la dernière sirène. Elle restait assise, des heures durant, inconsolable, sur un récif de corail tout gris. Elle pleurait de ne plus voir aucunes des si belles couleurs qui animaient jadis les profondeurs et le mouvement de la vie de milliers d’espèces qui autrefois l’enchantait !
Un jour, le bateau qui transportait une violoniste, passa juste au-dessus de la sirène. Alors que la musicienne jouait sur le pont, elle entendit des plaintes déchirantes. Elle se pencha au-dessus du garde-corps pensant que quelqu’un était en danger, peut-être en train de se noyer. Une vague plus grosse que les autres la fit basculer par-dessus bord et elle glissa avec son violon dans les profondeurs et se retrouva assise tout près de la sirène. La musicienne fut touchée par tant de tristesse. Malgré cette désolation, elle entendit son cœur chanter, puis son archet se mit à bouger. Alors la jeune femme se mit à jouer de son violon. Le son qui se dégagea de l’instrument fut de plus en plus beau, empli de vibrations jusque-là inconnues. Soudain, une couleur rouge sang s’échappa du bois de l’archet et se répandit dans tous les océans. C’est ainsi que le sang de l’archet redonna vie aux coraux ainsi qu’à l’ensemble des fonds marins.
Que sont devenus les humains ? On en sait rien.
Nadine Marchal s’est inspirée d’une histoire vraie pour écrire ce conte. En effet, la teinture pourpre provenant du bois brésilien, le Pernambouc, est précieuse pour les teinturières. Ce bois rare est utilisé pour la fabrication des archets de violon. Charlotte Marembert a ainsi teint les pourpres de cette œuvre. Encore une fois, la musique et le tissage se tissent pour sublimer leur expression poétique.