Colombie
Tissage artisanal et savoir-faire

2019
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Ivan Camillo Rodriguez pour la coordination du projet et les photographies.

Découvrir, comprendre, apprécier les richesses encore présentes au cœur de communautés tisserandes.
Pouvoir passer du temps avec des populations indigènes, partager des histoires, des savoirs, des expériences de vie et des expériences professionnelles.
Sentir la profonde résonance du croisement d’une chaîne et d’une trame lorsque qu’un morceau de vie tissée, tenu à un fil, honore pleinement Pacha Mama (Terre mère).

Depuis 27 ans je suis passionnée de tissage. Mon métier : tisserande, plasticienne et auteure.
Dans chaque pays où j’ai eu la chance de voyager, même avec les lacunes de la langue, le tissage, comme un grand livre ouvert, m’a toujours raconté les histoires de ces peuples. Le tissage m’a permis de créer des liens forts et riches qui m’ont fait grandir.
Aujourd’hui mon bonheur est de partager ces expériences, de transmettre aussi ces connaissances auprès d’autres communautés.

Le tissage lien de communication, lien social.
Le tissage est rarement un art solitaire. Il se pratique en famille, entre femmes, entre hommes, suivant les pays, parfois de façon mixte avec des rôles précis… C’est un moment d’échange, de partage, de transmission.

Le tissage : une carte d’identité
Pour chaque communauté, la façon de tisser, les couleurs utilisées, font référence à une appartenance culturelle, un lieu géographique. Le tissage est une carte d’identité, un moyen de s’identifier à une communauté sur des générations. Un art primitif, berceau de l’humanité, ancestral…

Le tissage : une connexion avec les éléments et la spiritualité
A l’origine, et encore aujourd’hui, les populations indigènes utilisent des matériaux provenant de la terre pour tisser. C’est du végétal. Les teintures elles aussi proviennent de la nature. Les dessins ou groupes de couleurs ont une référence spirituelle. Tel dessin va honorer la montagne, la mer, l’oiseau, la terre, le soleil… Il y a, à chaque trame passée au travers de la chaine, un moment de vie, un respect pour Pacha Mama (Terre mère), respect pour les ancêtres.

Le tissage est l’une des passerelles vers la reconnexion avec la nature, avec la spiritualité.
Ce dernier point est pour moi très important. A l’heure où le monde « riche » de la planète est en overdose de consommation, où le textile a perdu toutes valeurs, à l’heure où ce monde est en quête de spiritualité perdue, on se rend compte que bizarrement, l’artisanat et la conscience d’être dans un autre espace-temps pour concevoir un produit, sont doucement perçus avec un œil nouveau. L’intérêt pour le tissage aujourd’hui reprend un souffle.
Consciemment ou non, les gens comprennent petit à petit que le tissage est l’une des passerelles vers la reconnexion avec la nature, avec la spiritualité. Il a en lui les valeurs de vie communautaire et de beauté du partage. Le tissage est un livre précieux de l’histoire ethnographique de l’humanité.

Un rêve..
Un rêve, suite à ce voyage, pouvoir un jour créer une œuvre d’art en partage et en complète collaboration avec une communauté indigène. Le but, que les regards s’arrêtent et apprécient enfin le talent des mains. Que notre monde déconnecté, alors que nous prétendons l’inverse, découvre l’histoire racontée dans l’entrecroisement des matières et du temps. Une pièce d’art, nouveau chemin pour établir un lien d’unicité entre un produit et l’artisan, une revalorisation du savoir.